Ce que l’on ne pense pas consciemment : les chercheurs de l’Université de Jérusalem démontrent comment il est possible de résoudre des problèmes mathématiques et lire des phrases inconsciemment.
Pouvons nous réellement lire des mots et des phrases ainsi que résoudre des problèmes mathématiques à plusieurs niveaux sans en être tout à fait conscient ? Une équipe du département de psychologie de l’Université de Jérusalem a conduit une série d’expériences qui ont conclu que cela est effectivement possible.
Ces résultats portent à faux les théories existantes sur l’inconscient qui soutiennent que la lecture et la résolution de problèmes mathématiques – deux exemples d’opérations à organisation complexe – requièrent la conscience.
Les conclusions de l’équipe de l’Université de Jérusalem ont été publiées dans le journal de l’Académie Nationale de Sciences aux Etats–Unis (PNAS). Cette équipe constituée d’étudiants en licence a été dirigée par le Dr Ran Hassin.
L’inconscient testé sur des problèmes mathématiques et des expressions verbales avec le CFS
Afin de présenter des phrases et des équations de manière inconsciente, les chercheurs utilisent une technologie dernier cri appelée CFS (Continuous Flash Suppression). Avec le CFS, un œil est exposé à une série d’images clignotantes tandis que l’autre est simultanément exposé à une image constante. Les changements rapides d’un des deux yeux dominent la conscience de sorte à ce que l’image présentée à l’autre œil ne soit pas consciemment interprétée. Plus de 270 étudiants ont testé cette technique.
Dans une série d’expériences utilisant cette technique, les participants ont été invités à prononcer les numéros qui apparaissent sur l’écran d’un ordinateur. Ces chiffres étaient précédés par des équations arithmétiques inconscientes. Les résultats des expériences ont montré que les participants pouvaient prononcer plus rapidement le nombre conscient s’il était le résultat de l’équation inconsciente. Par exemple, lorsque l’équation 9-5-1 a été montrée non consciemment, les participants étaient plus rapides à prononcer 3 que 4, bien qu’ils n’avaient pas consciemment vu l’équation.
Dans une autre série d’expériences rapportées dans le journal PNAS, les participants n’étaient pas consciemment exposés à un certain nombre de courtes expressions verbales qui sont restées à l’écran jusqu’à ce que les participants puissent dire ce qu’ils voyaient. (Pendant ce temps, l’autre œil a été exposé à des images qui clignotent rapidement). Les résultats ont montré que les expressions verbales négatives (« le trafic d’êtres humains » par exemple,) ou des expressions inhabituelles (« le banc a mangé un zèbre ») interpellaient la conscience des spectateurs plus rapidement que des expressions plus positives (« une chemise repassée »par exemple, et des expressions plus habituelles telles que « le lion a mangé un zèbre », ce qui indique une certaine «prise en charge» par l’inconscient de quelque chose de négatif et hors de l’ordinaire.
«Ces résultats montrent que contrairement aux modèles existants de la conscience et de l’inconscient, les humains peuvent effectuer des opérations complexes inconsciemment», disent les chercheurs. « Par conséquent », a déclaré le Dr Hassin, « les théories actuelles sur les processus de l’inconscient et de la conscience humaine doivent être révisées. Ces résultats nous permettent de nous rapprocher de la résolution de l’un des plus grands mystères scientifiques du 21ème siècle: « Quelles sont les fonctions de la conscience humaine ? ». «