Professeur Yves Agid
Institut du Cerveau et de la Moelle épinière ICM
Yves Agid commence par une présentation d’un texte qui paraît raisonnable, mais dont toutes les assertions sont fausses.
La maladie de Parkinson: non, il y a plusieurs maladies. Une maladie du mouvement: non, c’est une maladie neuro-psychiatrique. Le diagnostic est facile: c’est faux. Le pronostic est difficile: c’est faux aussi…
On devrait donc dire les maladies de Parkinson: PARK1, PARK2, PARK3, etc. Elle correspond à un désordre neuro-psychiatrique?. Il y a plusieurs troubles: moteurs, cognitifs, du sommeil, émotionnels, urinaires, etc. Ce sont des maladies multi-systémiques. Par exemple, il peut y avoir des mouvements rapides, mais l’initiation du mouvement est difficile.
Le pronostic n’est pas si difficile. En regardant, en écoutant le malade, on peut rapidement identifier la progression de la maladie. Certains symptômes sont graves: troubles cognitifs, des yeux, de la posture, de la marche ou de l’équilibre, sphinctériens. 15% réagissent magnifiquement au traitement, 15% qui ne réagissent pas du tout, et entre les deux, c’est moyen. Enfin, comme elle apparaît chez des malades âgés, il y a des lésions associées.
Il y a 3 types de lésions du cerveau dans le cas de Parkinson:
- lésion de 4/100 000ème des neurones dans la voie nigro-striata, mais cela suffit à déclencher la maladie. Dans ce cas, il suffit de fournir la dopamine manquante, et le patient est rétabli
- lésions en série, qui font que la dopamine n’a plus aucun effet. On ne sait pas soigner dans ces cas là.
- lésions en parallèle: la voie marche, la dopamine permet de rétablir la transmission, mais avec le temps, se développement des lésions à côté dans le cerveau. Ce sont ces lésions parallèles qui sont responsables des signes axiaux.
La dopamine est-elle toxique? Non, ni in vivo, ni in vitro. Elle favorise, au contraire, la repousse. Mais c’est un médicament tellement puissant, que le malade peut avoir des mouvements involontaires.
La présence de corps de Lewy n’est pas obligatoire. C’est un autre mythe. Leur apparition est plutôt la conséquence que la cause de la maladie.
L’incidence de l’environnement existe. Par exemple, la manipulation de pesticide semble provoquer certaines formes de Parkinson, si l’on a les facteurs de prédisposition.
Les mécanismes de la mort cellulaire. Quand un neurone « souffre », il réagit, au niveau des synapses, de la plaque gliale. On ne comprend pas encore le mécanisme associé, mais c’est un domaine de recherche très important.
Le cerveau humain est complexe: 100 milliards de neurone. Dans un mm3, il y a 10 à 50 000 neurones. Chaque neurone a 100 000 contacts. Dans ce réseau complexe, quel est le chemin parcouru par l’infirmation? On ne le sait pas encore. Alors l’idée d’injecter des gènes dans un tel système, c’est peut-être un leurre.
La métaphore de Paris: regarder la ville de Paris depuis la lune, cela permet de voir des bus, des piétons, des rues. Cela n’a pas de sens. Mais le laitier qui tous les jours apporte du lait de la rue Lafayette au Bd St-Michel, en l’observant tous les jours, cela donne l’impression qu’on pense dans Paris. En quoi l’observation de loin de la ville de Paris permet de comprendre l’intelligence? Et bien, ce n’est pas dans les rues que cela se passe, mais dans les maisons. C’est à dire dans les cellules gliales. C’est une voie de recherche à part entière.