Laurent Karila, psychiatre, auteur d’ouvrages grands publics.
Le sexe, c’est comme boire ou manger, c’est une récompense naturelle, et on en a tous besoin.
Dans le problème d’addiction sexuelle, il y a un débordement, une perte de contrôle du système, comme pour les addictions aux drogues. Il y a des similitudes, par exemple, avec la cocaïne.
L’addiction sexuelle existe depuis toujours. Elle n’a rien à voir à la perversion sexuelle ou l’agressivité sexuelle.
En France, à ce jour, il n’y a aucune donnée épidémiologique sur l’addiction sexuelle. On est obligé de se référer à des études d’autres pays.
Cette addiction touche plus les hommes que les femmes (deux hommes pour une femme en moyenne, mais 5 pour 1 dans le centre de Laurent Karila), mais il y a une progression chez les femmes.
Il existe une véritable industrie du sexe, comme l’armement ou la pharmacie: e-X business et Porn Valley. Elle se développe massivement sur Internet, une matrice du développement de ce comportement addictif.
S’agit-il d’une véritable addiction? Il y a un débat entre chercheurs, et des classifications en médecine et psychiatrie. Toute une équipe a travaillé sur la définition, qui sera désormais « trouble de l’hypersexualité » (classification DSM).
Définition clinique: je perds contrôle, perte de temps, perte d’argent, un ou plusieurs types de substrats sexuels, virtuel (internet) ou réel (sexodromes). Il y a des co-morbidités associées: maladies anxieuses, particulièrement.
Il y a toujours un événement déclenchant, une pression sexuelle, puis un passage à l’acte, suivie d’une triade: culpabilité, désespoir, honte et résolution. On est sur un schéma neuro-biologique similaire à celui de l’addiction aux drogues. Il y a presque toujours une seconde vie, en dépit des risques de conséquences physiques ou émotionnelles, pour soi ou pour les autres.
Différentes formes cliniques, voire phénomènes mixtes: masturbation, cybersexe, pornographie, call-girls, etc.
L’évaluation clinique demande de poser des critères validés, en cours de traduction.