Qu’est ce que la musique ?
- la science des sons en tant qu’ils sont capables d’affecter agréablement l’oreille (Rousseau)
- l’œuvre est faite pour être lue (Boulez)
- les nombres sont les choses et les choses sont les nombres (Pythagore)
- des structures aléatoires, comme dans le cadre de la musique contemporaine ?
La musique est-elle un langage ?
Il y a un côté incontrôlé en musique : la même œuvre interprétée par des artistes différents fournit un rendu différent : on reconnaît la même mélodie, mais la sonorité est différente. La musique contemporaine, en ce qu’elle introduit un certain aléa, rappelle certaines musiques traditionnelles.
Est-ce que cela est beau ? Cela dépend des codes qui permettent de décoder le langage utilisé pour produire ces sonorités qui peuvent nous paraître choquantes. C’est comme pour une langue étrangère, dont on ne saisit pas les mots, et qu’on ne peut ni comprendre, ni anticiper. Dès qu’on sait reconnaître ses termes, on peut commencer à l’apprécier ; il en est de même pour la musique contemporaine : seuls ceux qui en possèdent les codes et qui savent l’interpréter, peuvent l’apprécier.
Qu’est ce qui fait qu’une œuvre d’art est une œuvre d’art ? Y a-t-il des caractères intrinsèques ? Est-ce la capacité à provoquer des états émotionnels plaisants ? Non, car certaines œuvres d’arts créent des états émotionnels déplaisants (œuvres de Goya ou de Shakespeare).
Les oeuvres de Goya ne provoquent pas d’émotions plaisantes (source: Wikipedia)
Les origines de la musique sont très probablement religieuses. Les œuvres d’art, selon C. Millet, restent des « … objets spécifiques (…) dont la fonction essentielle consiste désormais à mettre à jour, à déplacer, ce fond de l’humanité que la religion ne prend plus en charge, et que la science ne peut envisager… ».
Quant à Onfray, de manière anecdotique, il note que l’efficacité esthétique « … engage les émotions et la raison et mobilise des processus différents ».
Il existe une enveloppe génétique de la perception de la musique. Elle s’appuie sur une transduction mécano-électrique, par une diffusion moléculaire. Le signal sonore est transformé en signal électrique par des mécanismes chimiques. On peut enregistrer des activités électriques explicites lorsqu’il y a dissonance ou consonance. Est-ce inné ou acquis ? Selon Manoury, c’est acquis, et proprement culturel : un intervalle de quartes, consonants chez Debussy, était considéré comme dissonant à la Renaissance. C’est le contexte qui crée les notions de consonance ou de dissonance.
Concernant la perception des sons, Manoury fait une remarque intéressante. La manière dont l’oreille perçoit les différents instruments de musique tient à la partie bruitée du signal. Si on écoute un son en supprimant l’attaque (le bruit de l’archet d’un violon, par exemple), on ne peut plus identifier le son.
La création, c’est du rêve organisé. Un compositeur, comme un poète, est là pour organiser les sons d’une manière qui ne soit ni immédiate, ni aléatoire. Il y a toujours une part d’expérimentation dans la création musicale, et c’est, pour Manoury, une caractéristique inséparable. Chez Beethoven, par exemple, le cheminement de la création procède d’une grande partie d’insatisfaction, d’où le nombre important de ratures sur ses partitions originales.
La création comporte également un certain nombre de règles : on reconnaît Bach, ou Stravinsky. Enfin, il n’existe pas de limite d’âge au potentiel de création : penser à Beethoven qui a produit certains de ses plus beaux quatuors à la fin de sa vie.