La plasticité synaptique produit des effets sur la mémorisation. On va le voir au travers de l’impact de la pratique de la musique.
Chez un musicien, le nombre de synapse augmente dans une zone du cortex, dite de la main. Cette augmentation se traduit par un accroissement des plis corticaux dans le cerveau (car son volume est limité du fait de la boîte crânienne). Selon qu’on observe un violoniste ou un pianiste, on ne voit d’effet que sur une main ou sur les deux.
Est-ce que ces plis sont développés par la pratique ou présents à la naissance : en fait, ils apparaissent avec la pratique, et plus la pratique est précoce, plus la plasticité est importante. On peut d’ailleurs voir des différences avec très peu d’apprentissage : un, deux, cinq jours de pratique créent déjà une différenciation.
La plasticité existe non seulement au niveau du cortex moteur, mais aussi au niveau du cortex auditif. La pratique musicale pendant l’enfance est associée à des réponses neurales plus robustes. L’expertise musicale réduit également la dégradation liée au bruit : l’oreille du musicien sait se « débarrasser » de ce qui ne l’intéresse pas.
Conclusion : plus on commence tôt la pratique d’un instrument, mieux c’est.
Mais il y a un côté sombre de la plasticité : si on pratique trop, et sous des conditions de stress psychologiques, on peut engendrer une superposition des zones corticales : la perception somato-sensorielle des doigts est perturbée.
En quoi consiste la reconnaissance des sons ? Plusieurs processus interviennent, qui sont communs au langage et à l’apprentissage de la musique :
- analyser le son
- reconnaître, identifier
- mettre en place une structure
- extraire des règles
La perception du son est bilatérale : il n’existe pas de cerveau droit pour la musique ou de cerveau gauche pour le langage, les deux hémisphères interviennent.
Les musiciens perçoivent également des différences dans la musicalité d’une phrase prononcée. Cela permet d’accélérer le processus de traitement de l’information, d’une durée de 500ms, qui peut être significative.
L’apprentissage du langage chanté est plus facile que l’apprentissage du langage parlé. Les musiciens distinguent mieux les mots présents ou absents d’un univers linguistiques.
Le couplage de phase est important. La musique est un stimulus qui va entraîner le système auditif et le système moteur (jazz, pop). Le cerveau se synchronise : cela va augmenter l’alignement entre des régions a priori lointaines.
Du coup, on se dit que ces aspects de synchronie permettent peut-être d’améliorer d’autres processus d’apprentissages, en apportant des compétences de prédiction (très importantes dans le langage. Ex : je vais ouvrir la … <compléter>), de coordination, d’intégration audio-motrice.
Ex : l’amorce rythmique avant la prononciation d’une phrase permet une meilleure mémorisation et une meilleure restitution par un enfant souffrant de troubles du langage. Mais cela marche probablement pour tout le monde, penser aux intros de grands morceaux de musique, de Michael Jackson à Deep Purple.
En conclusion :
- le cerveau est un organe malléable
- doté de capacités adaptatives et de réorganisation
- les musiciens sont d’excellents exemples de plasticité cérébrale
- la pratique de la musique à visée thérapeutique dans les soins du trouble du langage